Guiks.net : le site français de liens BitTorrent doit fermer ses portes
Le site français Guiks.net, qui organisait l’échange de fichiers par BitTorrent au sein d’une communauté privée, a annoncé la fermeture très proche de ses portes. Il a été infiltré par l’ALPA, qui ne devrait pas poursuivre ses administrateurs au tribunal si ses menaces sont entendues.
Même les communautés privées d’échange de fichiers par BitTorrent sont dans le colimateur des associations de défense du droit d’auteur. Le site Guiks.net, bien connu des amateurs de partage de fichiers en France, a annoncé la fermeture prochaine de ses portes sous la pression de l’ALPA, l’association de lutte contre la piraterie audiovisuelle. Le groupement, qui défend les intérêts des studios de cinéma et des éditeurs de contenus audiovisuels contre le piratage, a infiltré très tôt le site privé malgré les précautions mises en oeuvre, et fait pression sur l’administrateur de Guiks.
Pour s’inscrire sur Guiks.net, et avoir ainsi accès à la liste des .torrents référencés, il était nécessaire de recevoir au préalable une invitation d’un membre existant, sous des conditions qui se sont durcies avec le temps. Seuls ceux qui partageaient un certain volume de fichiers, et respectaient un quota d’upload/download imposé par le site, pouvaient envoyer une invitation à un ami. Le nouveau membre coopté avait ainsi enfin accès à la liste des fichiers échangés, sans pouvoir inviter lui-même un ami avant de montrer patte blanche à force de patience et d’investissement dans le communauté. Le tracker BitTorrent de Guiks, évidemment, ne fonctionnait que pour les membres inscrits, via un système d’identification et de contrôle. Ce fonctionnement, qui est courant dans les communautés BitTorrent, devait permette d’éviter les regards extérieurs et les plaintes des studios.
Mais Meskalyn, l’administrateur de Guiks.net, a reçu jeudi dernier une convocation à la gendarmerie, à laquelle il s’est rendu vendredi. Il a alors découvert que l’ALPA avait présenté dès octobre 2008 un rapport d’environ 300 pages, qui contenait notamment « presque toutes les listes de torrents ». Un relevé de preuves pour le juge pénal qui aurait à entendre de l’affaire.
« Un gendarme (plutôt sympa) m’a donc convoqué pour « m’entendre » et donc je lui ai expliqué pourquoi nous faisions ça, notre avis là dessus : on ne fait que proposer un site d’échange de lien, mais bon, nous le savons, beaucoup de fichier soumis aux droits d’auteurs circulent ici », raconte-t-il. « Il y a aussi une fonction « politique sur les droits d’auteurs » qui permet de demander aux propriétaires de supprimer les fichiers du site », mais « personne ne s’en est jamais servi, c’était bizarre ».
La gendarmerie a fait comprendre à l’administrateur qu’il avait « une dizaine de jours » pour prendre sa décision. Soit il fermait le site et le dossier avait de grandes chances d’en rester là, dans un placard, pour le plus grand bien de l’ALPA qui remporte la victoire sans coup férir. Soit Guiks restait en ligne, et l’assignation au tribunal de grande instance était assurée, avec une grande chance de condamnation pour contrefaçon, les juges français étant beaucoup moins laxistes en cette matière que les juges espagnols. « Je préfère m’éclipser tranquillement du site et éviter le tribunal », a logiquement tranché Meskalyn.
Les données des utilisateurs n’ont pas été saisies, et ne seront pas communiquées par Guiks.
« GuiKs est une marque déposée »
Selon les chiffres qu’il a fourni, Guiks a permis en trois ans d’échanger un peu plus de 15 millions de fichiers, avec 202.141 membres inscrits. Il indexe toujours environ 36.000 torrents, et vivait uniquement grâce aux dons de ses utilisateurs, sans aucune publicité. « GuiKs n’a pas été crée dans un but lucratif. Guiks c’était pour le partage, point final ».
Mais comme toujours, la nature a horreur du vide. Dès l’annonce de la fermeture prochaine de Guiks, la communauté s’est organisée pour prendre le relais et monter au plus vite un nouveau site privé, sur le même modèle. Mais pas question pour Guiks ou son administrateur Meskalyn d’y être associé, comme l’équipe l’a expliqué sur le blog interne du site :
« GuiKs est une marque déposée dont le seul propriétaire est Meskalyn. A tous les kikoolols qui souhaiteraient ouvrir des sites comme guiks-dl.com (spéciale dédicace à un ex-membre), nous vous signalons qu’ils s’exposent à des poursuites judiciaires (…) Que vous vouliez vous regrouper dans un autre tracker, c’est génial mais il faut bien comprendre une chose : GuiKs, c’est fini. Un « Guiks-Like », non merci. Beaucoup d’entre vous ne veulent pas se perdre de vue, ne souhaitent pas de changement notable mais au lieu de réaliser une pâle copie de GuiKs, pourquoi ne pas tenter quelque chose d’original ? »
On ne plaisante pas avec la propriété intellectuelle, même chez les pirates.
Source : Numerama
de passage | octobre 10th, 2009 at 13 h 08 min #
Il serait amusant de vérifier par la même occasion la probité de ces mêmes membres de l’ALPA. Vous pariez que certains téléchargent ?
Trois catégories d’internautes existent : ceux qui ne savent pas comment télécharger (il y en a) et ceux qui n’osent pas. La troisième, marginale, est celle à principes.
La toile est une ouverture fantastique vers l’extérieur, difficile d’en endiguer les « dérives »…
Quelqu'un | octobre 13th, 2009 at 17 h 00 min #
Guiks va se reconvertir dans le légal
source : Guiks